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"GORE : DISSECTION D'UNE COLLECION (voir interview ci-dessous)
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Description: |
« GORE : DISSECTION D’UNE COLLECTION »
INTERVIEW DE DAVID DIDELOT
Grand défenseur du cinéma et de la littérature horrifique, éditeur depuis une vingtaine d’années de l’indispensable fanzine Vidéotopsie, David Didelot vient de terminer un travail de longue haleine : le premier ouvrage entièrement consacré à la mythique « Collection Gore » du Fleuve Noir. Entretien avec le maître d’œuvre de ce projet parrainé par Artus Films qui délaisse pour un temps l’exhumation des pépites du patrimoine cinématographique pour publier cette somme incontournable pour tous les amateurs de gore.
- Peux-tu nous résumer ton parcours et ce qui t’a conduit à écrire ce livre sur la Collection Gore ?
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Comme beaucoup de gens de ma génération (j'ai dépassé la quarantaine), j'ai découvert la Collection Gore lorsque j'étais ado, au milieu des années 80, notamment grâce à L'Ecran fantastique qui publiait alors de sacrées pages promo pour la Collection ! J'ai acheté mon premier Gore au printemps 1986, et mon intérêt pour ces petits bouquins est allé grandissant avec les années, parallèlement à ma passion pour le cinéma d'horreur et le cinéma bis. C'était la période de la VHS triomphante et des vidéoclubs à tous les coins de rue ! Puis en 1993, avec un ami, j'ai créé mon propre fanzine, Vidéotopsie, consacré au cinéma fantastique et d'horreur - tendance bis. Evidemment, je n'avais rien oublié de la Collection Gore. J'ai donc décidé d'en causer dans mon fanzine et j'ai contacté Daniel Riche (fondateur de la Collection), via le Fleuve Noir. Celui-ci m'a très rapidement répondu et nous avons alors entretenu une belle correspondance. Fort de mes souvenirs de lecture et persuadé que cette Collection avait marqué les esprits plus qu'on ne le pensait, j'ai publié quelques articles sur le sujet (Nécrorian, Corsélien, Axelman), et j'ai fait parler quelques-uns des auteurs (le sympathique N. G. Mount, François Sarkel, François Darnaudet... et Daniel Riche). J'avais bien dans l'idée que la Collection Gore méritait mieux que quelques papiers dans un fanzine, l'idée d'un livre me trottait déjà dans la tête (un peu à la manière de Jean-Philippe Mochon dans son Autopsie d'une Collection - le bel Effet Gore), mais entre le vouloir et le pouvoir... D'ailleurs, quel éditeur assez fou aurait publié un truc pareil ? Pas facile à dénicher, surtout quant on n'a pas les bons codes d'entrée... Le projet est donc resté en jachère pendant des années, comme mon fanzine d'ailleurs... Et puis j'ai appris le décès de Daniel Riche. Gros coup de bambou sur la tête d'abord, avant de me remettre au "travail" : j'ai repris les chroniques, j'ai multiplié les fichiers Word sur mon ordi, j'ai contacté quelques fondus de Gore pour qu'ils m'épaulent, j'ai établi une espèce de sommaire qui couvrirait tous les aspects de la Collection... Bref, le projet était reparti, quitte à sortir la chose dans un ou deux numéros hors-série de mon fanzine. Je m'étais un peu "résigné" (le mot est impropre) à cette solution, jusqu'à ce que...
- Comment as-tu convaincu Artus Films d’éditer ce livre, leur premier ouvrage littéraire ? Artus va-t-il diversifier leur activité et se lancer dans l’édition littéraire en plus des dvd ?
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Alors je n'ai pas eu besoin de convaincre Artus Films ! C'est eux qui m'en ont parlé en premier : Thierry Lopez est un grand fan de cette Collection (et de la littérature populaire en général), au point qu'il désirait éditer quelque chose en rapport avec Gore... Et comme il savait que j'étais grand amateur de la Collection et que je connaissais pas trop mal le sujet, il m'a proposé cette idée de livre... qui a vite remplacé le projet d'un numéro hors-série de mon fanzine! Ce dont je te parle remonte à environ un an. Gratias maxima à lui et à Kevin Boissezon, car sans eux, point de livre... Je tiens d'ailleurs à remercier aussi tous les contributeurs du livre, sans lesquels ce projet serait resté lettre morte.
Pour ta deuxième question, je ne peux pas trop en dire, mais je crois savoir que Thierry a pas mal d'idées en matière de livres.
- La plupart des auteurs écrivaient sous pseudos. A deux exceptions près, tu es parvenu à les identifier, comment y es-tu parvenu ?
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En fouinant ici ou là, en recoupant certaines infos, en m'informant auprès de Daniel Riche à l'époque, et, quand c'était possible, en m'adressant directement aux intéressés pour confirmation ! Oui, deux auteurs français m'ont résisté... Je sais qui connaît leur véritable identité, mais la personne en question ne veut pas me la révéler, et ce afin de respecter le désir de confidentialité des deux auteurs... C'est rageant, mais je peux évidemment comprendre.
- Pratiquement tous les auteurs Gore écrivaient également du polar, de la science-fiction, de l’espionnage, etc. Penses-tu que ce décloisonnement soit encore possible aujourd’hui ? Où en est la littérature « populaire» en France ?
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J'ai bien l'impression que cette époque est derrière nous... Du moins, j'ai le sentiment que la littérature dont tu parles, si elle continue d'exister bien sûr, vit de manière plus "souterraine" aujourd'hui (grâce à de petits éditeurs, à de toutes petites structures, auxquelles il faut d'ailleurs rendre hommage). Regarde ce qu'est devenu Le Fleuve Noir... Ca fait mal au cœur non ? Quand tu penses au foisonnement de collections qu'ils ont pu présenter, quand tu penses au camion d'auteurs - souvent multicartes - qu'ils ont publiés... Il ne faut pas désespérer, mais ce n'est plus de ce côté là qu'il faut aller chercher, clairement...
- Tu as interviewé une grande partie des auteurs français de la Collection, quel regard portent-ils sur cette période de leur carrière ?
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J'ai été très agréablement surpris de voir que les auteurs, en règle générale, gardaient un excellent souvenir de leur passage dans Gore, qu'ils ne reniaient en rien leurs forfaits Gore passés, ça les avait amusés, et ça les amuse encore ! Certains sont surpris de l'intérêt renaissant pour cette Collection : à l'époque, ils ne pensaient pas qu'elle marquerait autant les esprits ! Mais je dois dire qu'à chaque fois, je suis tombé sur des gens disponibles, charmants, enthousiastes, à mille lieues des dingueries qu'ils avaient imaginées dans leurs bouquins ! (Rires).
- La plupart des romans étrangers ont souvent été « adaptés » pour correspondre aux critères de la Collection. Peux-tu nous en dire plus sur le sujet ?
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Oui, cette histoire d'"adaptation" a beaucoup desservi l'image de la Collection, et ça la dessert encore d'ailleurs... Daniel Riche le reconnaissait lui-même : il avait fait une erreur en achetant les droits de romans anglo-saxons trop volumineux, qu'il avait été obligé ensuite de couper dans des proportions énormes pour les faire entrer dans le format de la Collection (entre 150 et 160 pages)... Beaucoup d'auteurs importants ont donc dû subir des coupes franches dans leurs romans : je pense à Richard Laymon et à Jack Ketchum notamment... En même temps, on fait aujourd'hui la fine bouche (à raison, dans la mesure où le procédé est évidemment critiquable), mais sans Daniel Riche et sans la Collection Gore, je ne sais pas si Laymon ou Ketchum auraient la même notoriété aujourd'hui en France... Riche fut quand même l'un des premiers à publier ces écrivains chez nous. Pareil pour Shaun Hutson : sans la Collection Gore, on n'aurait pas eu beaucoup à se mettre sous la dent, et pourtant, c'est un auteur majeur du genre ! Sans compter que Daniel me disait que certains auteurs anglo-saxons (je ne citerai pas de noms!) avaient profité de ces coupes et de ses traductions à la hache, car ils écrivaient comme des pieds dans leur langue maternelle ! Un mal pour un bien en quelque sorte...
- Que penses-tu de l’évolution de la Collection ? Au fil des romans il semble y avoir d’un côté une volonté de la rendre plus présentable (notamment via les couvertures confiées à Topor) et de l’autre une envie de surenchère, notamment érotique.
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Oui, probablement... Une tension d'ailleurs intenable, puisque Topor est parti au bout de dix couvertures et qu'on a rappelé Dugévoy, illustrateur dont le style correspondait bien mieux aux motifs et au ton de la Collection, plus racoleur, plus coloré, plus "cinématographique", plus en phase en fait avec les romans eux-mêmes... Et puis l'expérience Topor s'était révélée être une catastrophe commercialement parlant... Donc... Evidemment, il ne s'agit pas de remettre en cause l'inventivité et le talent de cet immense artiste, mais pour la Collection Gore, ce n'étais pas vraiment le bon choix, d'autant que- comme tu le dis - les bouquins ne se calmaient pas vraiment, on évoluait toujours dans le gore le plus extrême et le plus absolu... Il y avait donc une distorsion entre le récit et son image de couverture, trop surréaliste, trop "arty" diraient certains... Maintenant, je ne sais pas si on peut parler de "surenchère" à mesure que les volumes sortaient, même dans le domaine érotique : les premiers volumes de la Collection sont parmi les plus vomitifs et les plus sexy de toute la série (je pense notamment au Blood-Sex de Nécorian, à L'Echo des Suppliciés de Joël Houssin ou à La Tronçonneuse de l'Horreur de Shaun Hutson...). Je crois que la "surenchère" gore et érotique était inscrite dans les gènes de la Collection dès les origines, qu'elle en constituait d'ailleurs son identité propre, sinon à quoi bon ?? (Rires).
- Quels sont à ton avis les continuateurs actuels de la Collection Gore ? Penses-tu qu’une collection comme Gore serait possible aujourd’hui ?
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Sans conteste possible, TRASH Editions a pris le relais du sang et de la tripe sur papier depuis juin 2013 ! D'ailleurs les responsables de ce collectif se réclament ouvertement de la défunte Collection Gore, publiant même quelques auteurs qui figuraient au catalogue de Gore (Christian Vilà, François Sarkel - alias Brice Tarvel). Il n'est que de lire leur "profession de foi" sur leur site. Pour l'instant, TRASH Editions a publié neuf romans, et c'est à chaque fois neuf purs moments de plaisir régressif et vicieux ! On peut même dire que les gars (et la fille) de TRASH ont placé la barre un peu plus haute que ne l'avait fait la Collection Gore : en terme formel, narratif et thématique... Chaque auteur a sa griffe, chaque titre sa personnalité... Bref, les auteurs ont parfaitement assimilé la culture Gore (le genre dans son ensemble et la Collection en particulier), l'enrichissant d'ailleurs, allant parfois encore plus loin dans l'ignominie et l'originalité ! Pourvu que ça dure !
On ne peut pas non plus passer sous silence les efforts ô combien appréciables de Rivière Blanche (un bel hommage au... Fleuve Noir !): coup de chapeau à Philippe Ward et Jean-Marc Lofficier, notamment pour leur Collection Noire qui compte quelques rééditions d'anciens volumes Gore mais qui fait surtout la part belle aux nouveaux talents dans le genre.
Et pour répondre à la deuxième partie de ta question, je pense qu'avec TRASH Editions, on est bien parti pour "la Collection Gore, le Retour", même si l'échelle ne sera peut-être pas la même... Du sang a coulé sous les ponts depuis les années 80, les spectateurs et les lecteurs ont en vu et lu beaucoup... L'impact ne peut plus être le même, sans compter que la Collection Gore est très clairement liée aux années 80, qu'elle naît et se développe dans une période décomplexée, très libérale... Paradoxalement, je pense qu'aujourd'hui, une telle Collection connaitrait plus de problèmes, pas forcément avec la censure stricto sensu, mais avec l’« hygiénisme moral » et le politiquement correct, relayé par toutes sortes d'associations qui chercheraient sûrement des noises à de tels bouquins ! La censure camouflée derrière le masque de la "morale"... La pire !
- Si tu devais conseiller trois romans Gore quels seraient-ils ?
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Question difficile, mais je répondrais L'Echo des Suppliciés de Joël Houssin (n°14), véritable feu d'artifice de dégueulasseries en tous genres et de tortures absolument dingues, avec en plus une belle ambiance et un argument typiquement fantastique qui n'est pas sans rappeler certains motifs chers à Lucio Fulci. Je citerais aussi le fameux Blood-Sex de Nécrorian (le n°5), dont le titre parle pour lui et qui est un peu le viatique de la Collection (gore et érotisme trash). J'adore aussi La Marée purulente de Daniel Walther (grand auteur de SF par ailleurs), qui jouit d'une ambiance là encore très fulcienne dans sa première partie et qui annonce le motif de la contamination, du chaos urbain, tant à la mode aujourd'hui... Sans compter que le bouquin est extrêmement érotique ! Allez, j'en cite un quatrième (pour ne pas oublier les Anglo-saxons !), La Mort visqueuse de Shaun Hutson, adapté au cinoche par Juan Piquer Simon (Slugs), bouquin exemplaire d'un motif très exploité dans la Collection, l'invasion parasitaire... Voilà, mais j'en ai plein d'autres en tête bien sûr !
Propos recueillis par Fred Pizzoferrato. |
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Date: |
08.07.2014 22:38 |
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Alain |
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